Lesbazylum: terre d'asile
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Message par Mag Mar 11 Déc - 18:48

... que je vous propose de poster ici par épisodes, au fur et à mesure de l'écriture.

n'hésitez pas à me donner vos avis ou à formuler vos critiques, ça m'aiderait beaucoup à me situer !!





Tiwaï Roâ remonta sur son front le bandeau aux couleurs de son clan. La mâchoire crispée, tout le corps tendu, il était aux aguets. Un coup d’œil à sa gauche lui assura que Vina Treno était également prête. Le Fauni, l’oiseau-roi qu’ils guettaient, surveillait son territoire du haut de son aire. Il protégeait ses petits en attendant que sa femelle rentre de la chasse. Leur tache n’allait pas être simple. Un espace découvert d’une centaine de foulées les séparait du pied de l’escarpement. Pour l’instant, le bois touffu les dissimulait. Vina devait sortir du couvert des arbres et attirer le Fauni au loin le temps qu’il parvienne jusqu’au nid. Sa tache à lui était de s’emparer de débris de coquilles et des derniers duvets d’oisillons des petits en train de muer vers l’age adulte, tout comme eux. C’était à ce prix que se ferait leur entrée dans la maturité. Tiwaï lâcha un soupir nerveux. Il ne savait qui de Vina ou de lui avait la tache la plus difficile. Elle devait battre le puissant oiseau à la course, et il lui fallait affronter les hauteurs et les blessures que lui infligeraient les oisillons une fois qu’il serait là-haut. Les petits, quasiment adultes maintenant, prendraient leur envol à la prochaine lune. Ils dépeçaient déjà à coup de serres et de bec des moutons entiers.

D’un bref signe de tête, il indiqua à Vina qu’il était prêt. Elle vérifia sa fronde, lui souhaita silencieusement chance, et s’élança à découvert en faisant le plus de bruit possible. Dès ses premiers gestes, l’oiseau l’avait capté de son redoutable regard. Vina était déjà à mi-distance de l’escarpement, mais il refusait la partie, se contentant d’étirer paresseusement ses immenses ailes. Cependant, elle avait dans le même temps armé sa fronde, et le caillou s’écrasa à deux centimètres de sa tête. C’était la bonne chose à faire. L’oiseau s’agaça enfin, s’élança de son perchoir, et plongea vers elle. Elle bifurqua vers la gauche à toute allure, à peine ralentie par son tir. Tiwaï avait maintenant le champ libre, et il s’agissait de faire vite. Si le Fauni rattrapait Vina avant qu’il ait terminé, s’en serait fini de tous les deux. Ils ne seraient certainement pas tués, mais rentreraient blessés au village, voir estropié. Et il leur faudrait attendre un cycle complet avant de pouvoir peut-être retenter leur chance. Le clan pouvait même décider qu’ils ne deviendraient jamais guerriers, qu’ils garderaient les cheveux longs toute leur vie. Ni Tiwaï ni Vina ne désiraient cela. Ils avaient choisi. Ils devaient réussir.

Tandis que toutes ces pensées s’entrechoquaient dans sa tête, Tiwaï avait franchi l’espace découvert et grimpé en en haut de l’escarpement. Il s’accorda deux secondes avant de risquer un œil par-dessus le rebord de l’aire. Aucun des deux oisillons ne l’avait encore remarqué, occupés qu’ils étaient a réclamer leur pitance. Vu de près, ils étaient impressionnants, malgré le reste de duvet qui s’accrochait encore à leur plumage tout neuf. Ils devaient bien faire la moitié de sa taille. Il se hissa d’un dernier mouvement de reins. Maintenant, tout le haut de son corps était en vue des petits, lesquels se précipitèrent aussitôt. Il n’eut que le temps d’engouffrer une poignée de débris de coquille dans le sac qu’il portait accroché sur la poitrine, et il subit le premier assaut. En quelques secondes ses avant bras furent en sang, mais il pris bien garde de protéger ses doigts. Il profita ainsi de la proximité de l’un des oisillons pour lui arracher son duvet, et sous ses glapissements affreux, il fit machine arrière, le point serré sur sa poitrine. Il commença aussitôt à redescendre. Quelques mètres plus bas, hors de portée des petits, en sécurité sur une corniche, il put mettre à l’abri son précieux trophée. Un regard au loin, vers le sol, lui apprit que Vina revenait vers lui pour se mettre à l’abri, proche de l’épuisement. Il ne s’attarda pas à contempler le paysage. Le Fauni allait entendre l’appel de son petit, qui continuait de glapir. Tiwaï précipita donc sa descente et se hâta de se mettre à couvert avant le retour de Vina et de l’oiseau. Il vit Vina plonger sous les arbres, mais le Fauni se désintéressait déjà d’elle, poussé par les cris de son petit.

Tiwaï reprit son souffle un instant, et partit en claudiquant à la recherche de Vina. Il l’a trouva affalé dans des buissons, écarlate, le souffle court, saine et sauve. Il s’effondra à ses cotés, épuisé lui aussi, mais réjouit. Au bout d’un moment, quand il furent chacun remit de leurs émotions, il décrocha son sac avec un sourire, et le lui remit. Elle s’assit, le saisit, y jeta un coup d’œil, lui rendit d’un air complice. Il pouffa, et quelques secondes après, ils éclataient tous les deux de rire, s’abattant en arrière dans les buissons, relâchant ainsi toutes leurs tensions. Ils avaient réussi. Ils avaient enfin gagné leurs cheveux courts.
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Message par Mag Jeu 13 Déc - 14:14

Tiwaï dansait d’un pied sur l’autre. Ils avaient remis leur trophée au grand conseil à la nuit tombée, et ils attendaient sa décision devant le grand foyer, un peu à l’écart. Ils entendaient les membres du conseil discuter à voix basse, sans parvenir à saisir ce qu’ils disaient. Le grand feu les éclairait à peine, et les craquements melés aux chuchotis rendaient l’atmosphère bien mystérieuse. Il regarda Vina. Il se demandait comment elle faisait pour rester stoïque, elle était au moins aussi impatiente que lui. Il sourit intérieurement. Lui, jamais il ne savait rester en place. Pourtant, parmi tous les autres du même age, c’était lui qu’elle avait choisit. Elle avait su qu’il ferait un bon partenaire. Quand elle était aller le trouver pour lui demander de faire équipe, il était au bord de l’étang en train de se répéter un petit discours à lui-même. En fait, il voulait lui proposer la même chose. Il était tout à fait comme maintenant, pour une fois réduit au silence, agité, nerveux. Elle aurait pu choisir quelqu’un d’autre. Il y avait Radu, qui était le plus fort, ou Logi, qui était la plus agile. Mais non. Elle avait surgi devant lui, alors même qu’elle était au cœur de ses pensées. Elle lui avait dit simplement :

- Tu fais équipe avec moi, pour l’Epreuve ?

Il avait acquiescé sans même s’en rendre compte. Il aimait bien Vina. Elle était toujours directe, puis sérieuse aussi. Mais elle savait rire. Il la connaissait depuis toujours, et ils étaient amis, bien qu’elle parlât peu, et qu’il fut un bavard intarissable.

Voilà, c’était fait, et il espérait que le conseil approuverait leur choix, et leurs actes. Il regarda autour de lui. Le grand conseil s’était réuni devant l’Aeda principale, il délibérait calmement. Entre leur groupe et eux se trouvait le grand foyer, bien protéger par son cercle de pierre. Sa lueur éclairait tous les alentours, maintenant que la nuit était plus vieille. Il était le centre de larges cercles d’aedas disposées en quinconce, afin que chacun bénéficie du feu, le large espace intérieur servant lorsque le clan se rassemblait. Le clan, relativement petit, comptait environ deux cents personnes. Chaque famille possédait sa propre aeda, et toutes les ressources étaient en commun. Les troupeaux de chevres et de galix se trouvaient plus à l’écart, en liberté, sous la surveillance de leurs gardiens. Tiwaï ne les distinguait pas dans l’obscurité, mais parfois un bêlement ou un souffle parvenait jusqu'à lui. Il reporta son attention sur le conseil. Il commençait à s’inquiéter. Si Vina et lui étaient approuvés, les délibérations ne devaient plus trop durer. De fait, il croisa le regard de la jeune fille, ses yeux brillaient fort, son imperturbabilité commençait à se fendiller. Ils durent patienter encore un moment, puis le conseil revint vers eux, la doyenne à sa tête. C’était elle qui allait leur annoncer leur réussite ou leur échec.

Ils avancèrent un peu, puis elle vint se placer derrière eux, tandis que le reste du conseil leur faisait face, et tous se turent. Le moment était solennel. Tiwaï se sentit pâlir, et il entendit Vina retenir son souffle. Tendu, il sentit la doyenne s’emparer de sa longe chevelure. Si ils avaient échoué, elle la rejetterait sur ses épaules. Si ils avaient réussi, elle la couperait au niveau des oreilles. Pendant un instant, il fut sur de sa défaite. Puis il sentit la lame bien aiguisée sur sa nuque, et ses cheveux furent tranchés net. Il avait réussi ! Il eut bien du mal à contenir sa joie tandis que l’ancienne procédait de la même façon avec Vina. Puis, leurs cheveux dans chacune de ses mains, l’ancienne revint devant eux. Elle prit une large inspiration puis commença le discours d’intronisation d’une voix forte et calme.

- Vina, Tiwaï, du clan Seke, de la tribu Natüb, le conseil vous reconnaît ce jour sous le rang de guerrier parmi les virs. Vous vous devrez, tout au long de votre séjour parmi nous, de vous acquittez de la protection de la tribu, et de la chasse. La tribu de son coté vous offrira abri et communauté, ainsi que la formation nécessaire à l’accomplissement de votre devoir. Vous subviendrez mutuellement à vos besoins réciproques…

Vina et Tiwaï l’écoutaient attentivement. Les jeunes étaient toujours tenu à l’écart lors des intronisations de leurs aînés, aussi l’instant revêtait une importance particulière à leurs yeux. Leurs visages sérieux, éclairés de plein fouet par le foyer devant eux, laissaient déjà deviner leur traits définitifs. Vina était brune, le visage volontaire, seule sa machoire crispée trahissait sa nervosité, pas un muscles ne bougeait. Quand à Tiwaï, son visage restait mobile malgré l’importance de l’instant, et le mélange de son expression avec la puissance qu’il degageait était saisissant. Ils rentraient maintenant dans une nouvelle période de leur vie, ils laissaient l’enfance derrière eux en même temps que leurs cheveux longs, et ils en avaient pleinement conscience. Ils étaient désormais des virs, des adultes.

La doyenne prononça ensuite les vœux rituels, Vina et Tiwaï promirent, puis son visage perdit de son air grave. Soudain, elle brandit bien haut leur ancienne chevelure, les faisant sursauter, et hurla un cri aussi vieux que le monde, que tous entendaient lors de la présentation des nouveaux nés au clan :

- Optawente !

Ce cri signifiait : bienvenue.
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Message par Mag Sam 15 Déc - 9:52

Tiwaï s’adossa à l’arbre, retira ses bottes et laissa pendre ses bottes dans la rivière. Encore une journée bien remplie. Il s’était écoulé presque une lune depuis leur intronisation, et son apprentissage progressait bien. Les techniques de combat le passionnaient, et l’art de la piste semblait avoir été fait pour lui. Seule la chasse ne l’enchantait pas trop, mais il connaissait sa nécessité. Par contre Vina y excellait. Depuis la cérémonie, ils avaient passé beaucoup de temps ensemble, leurs guides respectifs étant eux aussi amis. Cela avait renforcé leurs liens, et leur efficacité en travail d’équipe. Il souriait. Il se souvenait de la petite fête dont ils avaient été les invités d’honneur, juste après la cérémonie. Ils y avaient reçus les félicitations de tous, aussi bien des jeunes que des moins jeunes. Ils avaient vraiment beaucoup rit, et même Vina avait laissé de coté son habituelle imperturbabilité. C’est le lendemain qu’ils avaient reçu leurs premières armes de virs, remit par leurs pères sous les yeux de leurs guides, juste après qu’ils se soient tous les deux quasiment rasé la tête. C’était un arc, un carquois plein, un long poignard pour chacun. L’apprentissage avait révélé que Vina préférait l’arc, et lui le poignard. Ca ne l’étonnait pas. Dans leur enfance, elle préférait déjà sa fronde et lui son petit couteau.

Il en était là de ses réflexions quand il vit Vina arriver, venant du village. Elle l’apostropha avant même de l’avoir rejoint :

- Tiwaï ! J’ai cru que je n’en finirais jamais !

Son air furibond agrandit son sourire. Ils avaient tous les deux été de corvée aujourd’hui. Elle s’assit à ses cotés tandis qu’il lui répondait :

- Au moins c’est fait, ça ne sera plus à faire.
- Encore heureux ! Puis elle ajouta, d’un air offusqué, Tu sais que tu dis des choses pleines de vérités parfois ?
- Oui, je sais, c’est un don naturel !

L’air faussement hautain qui avait subitement recouvert son sourire la fit exploser de rire. Et voilà, se dit-il, partie gagnée. Elle retira à son tour ses bottes et plongea ses pieds dans l’eau. Puis elle soupira d’aise. C’était l’instant détente, ils profitaient du soleil doux de cette fin d’après-midi. Sans le rire des enfants non loin de la, le village etait juste assez loin pour qu’ils aient l’impression d’être seul au monde.

Au bout d’un moment, Vina reprit :

- Dis, ça te dirait une escapade ?

Tiwaï, surprit, la regarda. Elle avait l’air plus serein déjà, et ses yeux restaient braqués sur les remous de la rivière devant eux. Devant son silence, elle enchaîna :

- Oui, quelques jours, loin du village, on resterait à la lisière de la forêt, ou plus loin dans la plaine, comme tu veux… Ca te dit ?

Il réfléchit longuement. Maintenant, ils connaissaient les rudiments de la chasse et savaient se garer des prédateurs. Suffisamment en tout cas pour se permettre de rester plusieurs jours en dehors du village. Surtout si ils prenaient des galix. Oui, pourquoi pas. Cela leur permettrait de voir si ils avaient bien acquis ce qu’on leur enseignait, et en cas de problème, le village n’était de toute façon pas loin. Sans compter les différents virs en expéditions dans la région. Ca le tentait bien, surtout qu’il ne connaissait que les environs immédiats du village. Puis, la saison était belle, ils pourraient voyager léger. Une couverture, de quoi allumer un feu, de l’eau, leurs armes… Ils trouveraient bien leur nourriture en chemin.

Puis Tiwaï se rendit compte qu’il envisageait déjà les détails de l’aventure sans avoir répondu à Vina, et il sourit derechef.

- Oui, ça me dit bien oui… Il faut en parler aux parents, et aussi à Stipu et Tocal, leur demander des galix, tout ça… Tu crois qu’ils accepteront ?

Stipu et Tocal étaient leurs guides, des guerriers expérimentés qui leur transmettaient leur connaissance. Et Vina, malicieusement, de dire :

- Il suffit de leur présenter les choses sous le bon angle… Ils devraient même nous inciter à partir.
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Message par Mag Mar 18 Déc - 15:28

Ils étaient partis au petit matin et chevauchaient en direction du sud. Ils voyaient le paysage changer sous leurs yeux, la forêt sur leur droite, la plaine sur leur gauche. Ils ne s’enfonçaient pas sous les arbres, préférant profiter des grands espaces qui s’offraient à eux. Stipu et Tocal n’avaient émis aucune opposition à leur départ et ne les avaient même pas assaillis de recommandations, comme ils s’y étaient plus ou moins attendu. Ils s’étaient donc mis en route conscients de ce qui les attendaient, et surtout des responsabilités que cela impliquait. Maintenant, le soleil était déjà haut, et le village n’était plus en vue. Dans un premier temps, ils avaient joui de leur liberté, faisant un peu les fous, les galix au galop. Petit à petit cependant, ils avaient pris conscience de leur isolement, et s’étaient calmés.

La vue s’étendait très loin, ils ne distinguaient que vaguement les montagnes à l’horizon. La plaine était jalonnée de monts et de collines, le jaune et le vert prédominaient, la saison était belle. Côte à côte, ils parlaient peu, savourant le silence relatif qui les entourait, ménageant leurs montures. Les galix se comportaient bien, leurs pattes arrières puissantes les portant sans difficulté, les cuisses bien calés de part et d’autre de leur large cou, reposant sur leurs ailes courtes. Les antérieurs peu développés leurs permettaient de s’équilibrer pendant la course et sur un terrain plus accidenté. Leurs têtes caparaçonnées étaient de véritables armes de combats. Tant qu’ils resteraient à proximité de leurs bêtes, ils ne craindraient rien.

Le soleil était bientôt à son zénith quand ils se préoccupèrent du repas. Il ne fut pas difficile à envisager, la plaine était giboyeuse. Tiwaï délogea un lapin que Vina abattit d’une seule flèche. Ils choisirent pour le faire rôtir l’abri d’une colline sous le vent, et bientôt la douce odeur de viande grillée se répandit aux alentours. Ils s’assirent de part et d’autre de leur petit feu pour déguster le lapin, discutant de choses et d’autres. Tiwaï, habituellement très sociable, goûtait l’absence des autres villageois. Dans l’ensemble, ils parlaient peu.

Puis, alors que le feu s’éteignait tout doucement, ils s’allongèrent sur la pente de la colline. Apres un premier moment de silence, ce fut Vina qui prit la parole, rompant la douce somnolence qui s’emparait d’eux.

- Alors, qu’en penses-tu ?
- J’en pense que tu as eu une fameuse idée, répondit Tiwaï. Si tout se poursuit comme cela, c’est une bénédiction.

Vina sourit doucement.

- Tu sais, ça fait longtemps que j’ai envie de me sauver comme ça. J’aime beaucoup la vie qu’on mène au village, le clan, la famille, les amis… j’y suis heureuse. Mais je ne peux pas m’empêcher de me demander comment c’est, ailleurs. Si la vie y est aussi douce, aussi dure.
- Ailleurs ?

Tiwaï ne s’attendait pas à ça, il la vit se redresser et s’enflammer avec stupéfaction.

- Oui, ailleurs, n’importe où, au loin, là ou c’est l’inconnu, là où demain n’est pas certain, où les chemins ne sont pas tracés, et où l’imprévu débarque sans arrêt. C’est ce goût la que je veux trouver pendant ces quelques jours.
- Tu t’ennuis, chez nous ?

Elle eut un geste d’agacement de la main.

- Non, ce n’est même pas ça… c’est plutôt le manque de surprise qui me lasse. Quand j’ai un instant à moi pour réfléchir à tout cela, je me rends compte que tout sera toujours ça, des illusions de mouvements dans un univers figé.

Elle soupira, puis ajouta, un peu tristement :

- Excuse-moi…

Tiwaï restait ébahi. Lui qui la croyait imperturbable se rendait compte à cet instant du masque qu’elle portait au quotidien. Il savait qu’elle cachait toujours ses émotions, mais il ignorait qu’il s’agissait de ces émotions là. Il ne l’en apprécia que plus encore. Lui était heureux de sa vie, pleinement, les sentiments qui traversaient Vina lui était étranger, mais il les comprenait, et surtout sa tristesse le bouleversait. Il ne voulait pas la voir malheureuse, de quelque façon que ce soit.

Après un autre instant de silence, il finit par lui répondre :

- Non, ne t’excuse pas… surtout pas. Je suis content que tu m’en parle. Et aussi que nous ayons entrepris cette petite expédition. Je ne m’attendais pas à ça, mais je serais heureux de partager avec toi tous les imprévus qui se présenteront.

Puis son naturel joyeux repris le dessus, et il ajouta avec son sourire en coin habituel :

- Si il se présente des imprévus. Enfin, d’autres que ceux que tu feras naître, bien sur.

Ce qui fit éclater de rire Vina. Sa tristesse s’était envolée. Tiwaï se releva, lui tendit la main pour l’aider à faire de même et ajouta encore :

- Allons-y, Vina, du clan Seke, de la tribu Natüb, en route pour l’incertain, l’imprévu, et les chemins non tracés ! Ou va-t-on ?
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Message par Mag Mer 26 Déc - 14:05

Elle lui avait répondu : « droit devant », et c’était ce qu’ils avaient fait. A la nuit tombée, ils avaient dressé un camp sommaire dans un petit bouquet d’arbres, un coin facilement défendable contre les différents prédateurs, et ils avaient cuit les deux oiseaux tués dans le courant de l’après-midi. Quelques baies trouvées sur place avaient complété leur repas. Les galix semi-entravés suffiraient à donner l’alarme en cas de danger. Ils s’endormirent rapidement après le repas, rassuré par leur présence et celle du feu, épuisé après cette première journée d’indépendance loin des leurs.

Le lendemain matin, des fruits firent leur petit déjeuner. Comme ils n’étaient pas pressés, ils décidèrent d’explorer un peu le sous-bois. Ils laissèrent les galix sur place avec leurs paquetages et ne détruirent pas le foyer. Ils avaient décidé de faire là leur repas de midi, pour ne reprendre la route qu’ensuite. C’est ainsi qu’ils trouvèrent une source où ils purent compléter leurs outres, et ils repérèrent quelques coulées de gibiers. Ils n’allaient pas avoir de mal à débusquer des lapins.

Tiwaï regardait Vina d’un autre œil désormais. Déjà, avec lui, elle exteriorisait plus qu’il ne l’avait jamais vu faire avec n’importe qui d’autre, puis leurs liens s’étaient encore resserés. Là, dans ce petit bois, son sourire en coin apparut tout d’un coup. Elle n’était qu’à quelques mêtres devant lui, en train d’evaluer la meilleure façon de piéger leur repas. Sans un bruit, il se cacha dans les fourrés, derrière un arbre. Il entreprit de la contourner le plus silencieusement possible, et il était presque en face d’elle quand elle lui adressa de nouveau la parole, le croyant toujours dans son dos.

- on pourrait poser quelques pièges autour de la source, on aurait rien d’autre à faire qu’à attendre… Ca, ou l’affut. Qu’est ce que tu en dis ?

Comme elle ne recevait pas de réponse, elle se retourna. Tiwaï rit sous cape. Il y était preque. Vina s’était tu, elle restait pensive. Il s’appreta a bondir. Ses yeux riaient déjà. Il allait la surprendre ! D’un coup ses jambes se détendirent, il allongea le bras… et se retrouva le nez dans la poussière, Vina sur le dos, et son poignard contre la nuque. Il dit :

- gmmmf mummmm roapchoumm…
- Pardon ? lui fit Vina en lui relevant la tete du sol sans aucune délicatesse.
- Non rien, je disais, ça m’apprendra à vouloir te piéger…

Son air déconfit la fit rire, elle le relacha et l’aida à se relever. Comme il etait couvert de poussière, ses rires redoublèrent. Tiwaï ne voulait pas en rester la, mais il se demandait comment agir… Il eclata soudain, le sourire figé en un rictus, les yeux toujours aussi rieurs :

- Ah c’est comme ça ? Tu vas voir quand je t’aurais attrapé !

Il n’avait pas fini sa phrase que Vina détalait déjà et qu’il se lançait à sa poursuite en riant.

Il s’épuisèrent un moment à se courser, s’attrapant, se relachant, silencieusement ou riant aux éclats quand Tiwaï arriva soudain dans une clairière. Il s’arreta d’un coup sec et attrapa Vina par le bras, lui en désignant l’autre bout, le doigt tendu vers le pied d’un arbre :

- Regarde ! Qu’est ce que c’est ?

Vina plissa les yeux.

- Je n’en ai aucune idée… Approchons-nous !

Tiwaï dégaina son poignard, Vina appreta arc et fleches, puis ils avancérent, tout doucement. C’était jaune et rouge, au pied d’un arbre, ça formait un tas étrange. Ils approchèrent encore, Tiwaï devant tandis que Vina le couvrait, presque jusqu’à toucher la chose. Ils la voyaient bouger doucement. Puis Tiwaï abaissa son poignard et fit signe à Vina de faire de même avec son arc. Il dit, plus étonné qu’autre chose, en se retournant vers Vina :

- C’est une fille ! Et regarde comme elle a l’air bizarre !

Vina, l’ai d’abord aussi étonné que lui, reprit en un instant son masque impassible, et Tiwaï en etait encore à se demander ce qui se passait quand il entendit une toute petite voix derrière lui :

- Toi aussi tu es tout bizarre ! Et tu m’as reveillée !

Ce qui lui fit faire volte-face, et devant l’air furieux de l’enfant, car s’etait une enfant, exploser de rire. Il enchaine tout de suite :

- Moi c’est Tiwaï, elle Vina, tu as faim ? On était en train de chercher à manger.
- Moi c’est Aruzo, et oui, très !

Elle se releva et les suivit dans la forêt.
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